«Lorsque les pâturages de Zermatt sont bien verts, que la luxuriante flore alpine déploie ses plus belles couleurs et que mes moutons à la longue laine blanchie par un orage d’été paissent tranquillement devant les sommets enneigés, je suis comblé de joie. Pour moi un sentiment de chez soi.» Les yeux de Paul Julen scintillent de bonheur.
Enthousiaste, il relate les plus beaux moments de sa carrière de berger. Il faut dire que les animaux qui font partie de sa passion sont vraiment particuliers. Des cornes en spirale, une longue toison blanche, des taches noires sur les jambes sans oublier leur tête noire.
Chaque année, la famille Julen fait tanner 100 peaux de mouton pour permettre d’une part aux hôtes des restaurants d’être assis confortablement et d’autre part ces peaux sont souvent convoitées par la clientèle comme souvenir de vacances. Les 1200 kg de laine livrée annuellement par les moutons sont également transformée. Pour la première fois cette année, ces peaux ont été transformées en couvertures bien chaudes pour les hôtes. «Afin de faire broder avec notre propre laine le logo de ‹Tradition Julen› sur celles-ci, nous avons heureusement toujours un mouton noir dans le troupeau», explique le fils Paul-Marc. Lui aussi est tombé sous le charme des moutons au nez noir et se réjouit d’aller de temps à autre leur rendre une petite visite en compagnie de ses deux garçons Jarno et Rajan.
La viande provenant des moutons à nez noir est une vraie délicatesse et elle est même appréciée des hôtes qui ne consomment pas autrement de viande d’agneau. «Cela est dû notamment au fait que les animaux broutent les meilleures herbes à cette altitude», explique Paul Julen. Env. 180 agneaux et 30 brebis sont menés chaque année à l’abattoir. Ce n’est cependant pas suffisant pour couvrir les besoins de nos établissements gastronomiques. La demande de spécialités de viande d’agneau est grande et l’excellente qualité est connue loin à la ronde. C’est pourquoi nous achetons des agneaux supplémentaires auprès d’autres amis éleveurs.
Même si Paul a toujours de peine à mener ses bêtes à l’abattoir – il le faut bien. Cependant, chaque année lorsque près de 200 jeunes agneaux cabriolent joyeusement sur la prairie, le cercle de vie recommence. «Le fait de pouvoir combiner mon travail d‘hôtelier à ma passion pour les moutons est un vrai cadeau. Si j’étais seulement avec les animaux, il me manquerait quelque chose. Si j’étais seulement parmi les gens également». Fort heureux que Paul ne doive pas se décider pour l’un ou l’autre. Il en irait de même inversement, il manquerait également à ses moutons comme à ses hôtes.